Si l’IA a déjà engendré une révolution dans certains secteurs d’activités, nombreux sont ceux qui la perçoivent comme une menace, surtout dans les milieux créatifs. Au contraire, le directeur artistique français Thomas Delamare, alias Steez, voit plutôt dans l’IA un monde d’opportunités, lui permettant d’aller plus loin dans ses réalisations et de donner vie à des univers extrêmement poussés.

Pure produit de la génération 90 qui a vu l’avènement d’Internet, Steez s’est formé en école de design à Paris mais aussi en autodidacte, à tous les outils technologiques qui sont apparus dans le monde de la création visuelle. Sans pour autant lâcher ses crayons, c’est maintenant en mêlant son savoir-faire avec les outils de l’IA qu’il répond aux demandes de ses clients, aussi bien dans le secteur de la mode masculine dans lequel il évolue depuis plusieurs années que dans celui du cinéma. Sa dernière création en date, le pilote d’un film d’animation entièrement réalisé avec de l’IA et dont la sortie est prévue pour fin 2025.

C’est une rencontre en 2022 avec un ingénieur informatique sur le quai d’une gare qui pousse Steez à s’intéresser très tôt à l’IA. Ce dernier sortait d’une conférence et il lui parle alors des avancées d’un logiciel à base de prompt qui peut générer n’importe quel type d’image. Septique mais curieux, Steez va suivre cela de prêt et commence à faire des tests avec toutes sortes de logiciels : MidJourney pour l’image, Kling, Sora, Runaway pour la vidéo et même Odio pour la musique…Très vite, il donne un sens professionnel à ces outils, lui permettant d’inclure cette technologie dans son travail, au moment où d’autres créatifs ne font encore que tâtonner.

Après avoir travaillé en France, Steez s’exporte à l’étranger. Shanghai, Allemagne, New-York, il y collabore avec des marques comme Billionaire Girls Club et KITH en tant que designer vêtements, ou encore au sein du Headquarters de Puma auprès de l’ancien Creative Global Director. Des voyages qui lui permettent de renforcer son expertise, sa vision créative, tout en gardant sa french touch et son univers singulier. C’est cette expertise, couplée aux technologies qu’il a su s’approprier, qui font la rareté de son travail. C’est d’ailleurs grâce à cela qu’il a travaillé récemment comme Wardrobe Stylist Designer pour une série Amazon Prime Vidéo avec Shaquille O’Neal.

Loin de vouloir s’arrêter là, Steez explore encore le potentiel immense des outils IA pour transformer sa façon de créer, aussi bien pour la mode que pour le cinéma. En permettant une prévisualisation rapide des projets, il y voit la possibilité de se rendre très vite compte de la faisabilité de ses créations mais aussi d’obtenir des rendus d’une qualité exceptionnelle en un temps record et avec une équipe réduite. On assiste déjà à la naissance de nouveaux studios IA de cinéma, notamment à Los Angeles, faisant de cette technologie un acteur indispensable en voie de rivaliser avec les anciens studios d’Hollywood. Le monde de la publicité a lui aussi amorcé sa révolution, en témoigne la publicité de la marque Nike et Travis Scott générée par l’IA.

C’est ce tournant que veut prendre Steez en s’adaptant à ce nouveau paysage et en proposant son talent de DA et son expertise en IA pour créer des projets entièrement réalisés avec l’IA visuel. Sa création d’un pilote de film d’animation créé entièrement à partir de l’IA en est le parfait exemple.

Une année 2025 riche en projets pour Steez, avec la réalisation prochaine d’un photoshoot pour une marque de mode parisienne, mais aussi avec la poursuite de son travail sur la série d’Amazon Prime Vidéo, ainsi que de ses propres créations cinématographiques utilisant l’intelligence artificielle.

Bien que l’IA aille se perfectionner dans les prochaines années et corriger ses erreurs, Steez est convaincu que passer à côté de ces outils dès aujourd’hui serait une erreur. Il s’agit d’une « opportunité d’époque » et ce serait laisser le champ libre aux non-designers de faire ce métier, mais sans créativité. Et pourtant, il y a encore trop peu de créateurs indépendants qui osent réaliser du contenu original, préférant souvent se contenter de reboot. Ce qui est erreur puisque c’est l’originalité, la démarche et le processus de transformation d’une œuvre créée avec de l’IA qui peuvent être revendiqués par son créateur et non l’œuvre en elle-même. Une prime à l’originalité dont il faut se saisir selon Steez.

Affaire à suivre…